Singulière existence que celle de William Frederick Cody, né le 26 février 1846 dans l’Iowa. Successivement convoyeur de bestiaux, chercheur d’or, messager pour une société de poste, soldat durant la Guerre de Sécession (dans le camp nordiste) et hôtelier, c’est en tant que chasseur pour une compagnie de construction ferroviaire – la Kansas Pacific – qu’il va gagner son fameux surnom. Là, entre 1867 et 1868, il va s’illustrer par son adresse à la carabine, tuant à lui seul près d’un millier de bisons.
On le retrouve un peu plus tard dans l’armée, comme éclaireur sous les ordres du général Custer : il participera même à la célèbre bataille de Little Big Horn (1876) qui vit l’écrasement par les Sioux des troupes américaines. Ned Buntline, un journaliste passionné par les romans de Fenimore Cooper, s‘intéresse alors à la vie tumultueuse de Cody qu’il entreprend de raconter avec succès dans ses colonnes. C’est lui qui va lui suggérer de faire un spectacle avec ses aventures. L’idée va faire son chemin jusqu’à la concrétisation, en 1883, du Buffalo-Bill Wild West Show. Pendant trois heures les spectateurs assistent ainsi aux différents moments de la conquête de l’Ouest. Le succès est tel que la troupe de Cody, après avoir sillonné tout le territoire américain, entreprend une tournée européenne en 1887. Londres en sera la première étape, mais aussi Paris, Lyon et Marseille en 1889 : elle y reviendra triomphalement seize années plus tard. Après quoi, Cody se retirera progressivement des affaires et mourra, à peu près ruiné, en janvier 1917 dans le Colorado.
C’est une véritable armée qui arrive à Marseille, fin octobre 1905, au terme d’une tournée dans 113 villes françaises. 800 hommes et 500 chevaux, acheminés par 3 trains spéciaux – 52 voitures en tout – déboulent ainsi sur le terrain militaire du boulevard Rabatau (futur Parc Chanot) avec des milliers de piquets et de poteaux. Pourtant, en quelques heures, les tentes, le réfectoire et le chapiteau sont montés, prêts à accueillir tant la troupe que le public. D’innombrables affiches et cartes postales ont précédé la venue du Wild West Show et toute la presse locale a été conviée à sa présentation.
Chaque jour, ce sont 600 kgs de viande, 500 kgs de pain, 400 kgs de patates, 300 litres de lait et 75 kgs de café qui sont consommés sur « le pré de Buffalo-Bill ». Quant au spectacle proprement dit, il débute le 1er novembre pour s’achever 12 jours plus tard, à raison de deux représentations quotidiennes. Le cérémonial est à peu près toujours le même. Un orchestre joue des airs américains pour chauffer la salle, puis entrent les cavaliers pour la parade générale. Indiens, cow-boys, Cosaques, Mongols, Bédouins et même hussards Français : ils viennent du monde entier et symbolisent la jonction entre l’Orient et l’Occident. Arrive enfin le héros, Buffalo-Bill en personne sur son blanc destrier, pour une démonstration de tir d’adresse avec d’autres fines gâchettes. Il y a aussi les tableaux vivants qui inventent la mythologie de l’Ouest : attaque de convoi, riposte américaine, dernier combat de Custer, duel de Cody avec un chef indien. Parfois, un orage s’abat sur le chapiteau, mais sans entraver le bon déroulement du spectacle. A la fin de chaque séance, un tramway spécial ramène le public vers le centre-ville.
source : toutma.fr
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